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“SI TU NE FAIS PAS TES DEVOIRS TU NE SAURAS RIEN FAIRE D’AUTRE QUE DE JETER DES PIERRES SUR DES PIANOS, COMME TON PERE.” A. Noël Williams, femme du poète Emmet Williams.

L’action consiste à jeter des cailloux sur un piano placé à quelques mètres de là.


Cette action sonore, répétée jusqu’à la lassitude de l’interprète, répond à la mise en garde faite par la femme d’Emmet Williams à son fils, dans les années 60, alors que le poète prend part, au côté de Georges Maciunas, Dick Higgins, Nam June Paik et Robert Filliou, aux évènements Fluxus.


Cette réponse tient plus de l’impertinence que d’une quelconque solution, le performeur jetant les pierres sur le piano comme s’il faisait ses devoirs, un devoir envers ses pères, scolairement exécuté « à la manière de ». Comme le serait une rédaction de collégien, « écrit d’invention » borné par les codes hérités de légitimes maîtres.


Jeter des pierres sur un piano, c’est reconnaitre dans le fait de ne pas faire ses devoirs une nouvelle « matière » à enseigner et à apprendre. Absurde retournement suggéré par l’agitation appliquée de cet élève qui s’échine à ne pas faire ses devoirs, à ne rien faire, à apprendre à ne savoir rien faire d’autre. Consciencieusement.


Que devient ce « père », expert convoqué d’un savoir par défaut (si tu ne fais pas tes devoirs), incapable de tenir lieu de modèle pour son propre fils ? Reproduisant ses codes, sa tradition, l’artiste-élève renonce à dépasser son enseignement, qui ne laisse de place à aucun dépassement. Il le contourne. Il travaille à son oisiveté, s’évertue à ne savoir rien faire. Il pourrait ne pas, aussi.


Cette performance nous interdit un temps la disjonction habituelle et logique entre savoir et non-savoir, loisir et travail, dilettantisme et professionnalisme. Nous ne pouvons qu’attendre que ce musicien (il joue du piano) ouvrier (avec une cadence mécanique) curé (ou sonneur de cloche) sportif (tenant de la prouesse) se lasse.


Hélène Colineaux.

“IF YOU DON’T DO YOUR HOMEWORK YOU WON’T KNOW HOW TO DO ANYTHING BESIDES THROW ROCKS AT PIANOS LIKE YOUR FATHER.” A. Noel Williams, wife of the poet Emmett Williams.

 

This action consists of throwing rocks at a piano placed a few meters away.

This sound action, repeated by the interpreter to the point of fatigue, responds to the warning made by the wife of Emmett Williams to their son in the 1960s, at the time when the poet was taking part, alongside Georges Maciunas, Dick Higgins, Nam June Paik and Robert Filliou, in Fluxus happenings.

This response is more about impertinence than it is about offering a solution—the performer throwing rocks on the piano as if completing his homework, an obligation to his forefathers, faithfully executed in their fashion. In the same way that a student’s creative writing exercise would be limited by the conventions inherited from legitimate masters.

To throw rocks on a piano is to recognize that through not completing one’s work there is a new “subject” to be learned and taught. An absurd reversal suggested by the determined action of this student who goes to great lengths to not complete his homework, to do nothing, to learn to not know how to do anything else. Consciously.

What becomes of this “father”, presumed by default to be knowledgeable (if you don’t do your homework), incapable of acting as a role model for his own son? Reproducing his codes, his tradition, the student artist renounces the idea of surpassing his lessons that leave no place for being surpassed. He circumvents them. He perfects his idleness, strives to not know how to do anything. He could just as well not.

This performance forbids us, for a moment, from the habitual and logical disjunction between knowing and not knowing, leisure and work, dilettantism and professionalism. We can only wait that this musician (playing the piano) worker (with a mechanical cadence) vicar (or bell ringer) sportsman (attempting a great feat) tires himself out.

Hélène Colineaux

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